Originaire d’Amérique du Nord, introduit accidentellement ou volontairement en Europe, le raton laveur (Procyon lotor) est un envahisseur incontrôlable et destructeur, une menace pour la biodiversité et la santé.
Sous des apparences inoffensives, cet animal est aujourd’hui considéré comme une espèce exotique envahissante aux conséquences préoccupantes pour les écosystèmes locaux et la santé publique.
Il a colonisé nos forêts, nos campagnes et même nos villes à une vitesse vertigineuse : près de 100 000 individus recensés sur notre territoire, et plus de 2 millions à l’échelle européenne. Sa capacité à se reproduire rapidement et à s’adapter à divers environnements rend son éradication quasi impossible une fois installés.
Un prédateur opportuniste aux impacts écologiques majeurs
Le raton laveur est un omnivore opportuniste : il se nourrit de végétaux (fruits et maïs), d’invertébrés (écrevisses, insectes, escargots…), de petits mammifères, d’amphibiens, de poissons, d’oiseaux, et même de nos déchets alimentaires (poubelles et compost).
Leur comportement nocturne, leur intelligence et leur agilité leur permettent de s’introduire dans les habitations, de vandaliser les poubelles, de piller les garde-mangers et de s’installer dans les greniers, causant des nuisances importantes.
Son régime alimentaire a un impact direct sur la faune indigène, notamment :
- Les amphibiens et mollusques aquatiques, déjà en déclin.
- Les oiseaux dont les œufs et les poussins sont des proies faciles.
Sans oublier la compétition avec des espèces locales pour les ressources alimentaires et les abris.
Ces effets cumulatifs contribuent à l’érosion de la biodiversité, en particulier dans les zones humides et forestières.
Un vecteur de maladies préoccupant
Le raton laveur est également un réservoir de maladies zoonotiques, c’est-à-dire transmissibles à l’homme et aux animaux domestiques :
- Baylisascariose : causée par le ver parasite Baylisascaris procyonis, elle peut provoquer des troubles neurologiques graves chez l’homme, notamment chez les enfants. Ce parasite a été détecté en Wallonie sur plusieurs individus en 2024.
- Rage : bien que la Belgique soit actuellement indemne, le raton laveur est un hôte potentiel du virus.
- Autres maladies possibles : la maladie de Carré (morbillivirus), l’échinococcose (Echinococcus multilocularis), leptospirose (Leptospira interrogans), tuberculose, listériose, transmises par contact avec des excréments ou de la salive contaminée.
Une gestion encadrée mais complexe
Face à cette menace, la Wallonie a mis en place des mesures de régulation. Le tir ou le piégeage du raton laveur (pièges non létaux) est autorisé sous certaines conditions, notamment par les propriétaires fonciers ou des personnes mandatées, à condition de respecter les règles de bien-être animal (AGW du 15 septembre 2022).
Tout stress inutile doit être évité aux animaux (cages à visiter chaque jour peu après le lever du soleil).
La mise à mort doit se faire rapidement et sans souffrance, préférentiellement à l’aide d’une arme à feu de petit calibre (permis de chasse) ou d’une injection (vétérinaire).
Que faire ?
Pour préserver le bien-être des mammifères sauvages et nous prémunir d’ennuis de toutes sortes, il faut éviter de les approcher et de mettre de la nourriture à leur disposition.
Voici quelques gestes simples à adopter :
- Nourrir de préférence les animaux domestiques dans des lieux fermés ;
- Ne pas laisser de nourriture accessible dans le jardin durant la nuit ;
- Limiter l’accès aux poubelles en les sortant le jour même du ramassage ou en verrouillant leur ouverture à l’aide d’un cadenas ;
- Ne pas mettre de restes alimentaires dans les composts ouverts ;
- Installer des dispositifs anti-grimpe sur les arbres fruitiers et sur les mangeoires destinées aux oiseaux ;
- Ne pas toucher ou s’approcher d’un raton laveur, qu’il soit vivant ou malade ;
- Eviter absolument de toucher ou de ramasser un raton laveur mort sans gants jetables étanches et masque de protection ;
- Fermer les bacs à sable quand ils ne sont pas utilisés ;
- Bien se laver les mains après les activités de jardinage ;
- Tenir les chiens en laisse dans les milieux forestiers, les vermifuger régulièrement et ramasser leurs excréments, conformément à la loi ;
- Veiller à ce que votre chien domestique ne touche pas de raton laveur vivant ou mort ;
- Cueillir les baies sauvages à plus de 50 cm du sol, laver systématiquement les fruits et les légumes, cuire les aliments provenant de champs, de forêts ou de jardins potentiellement accessibles aux ratons laveurs ou aux renards ;
À l’échelle de la commune
La commune peut agir via l’interdiction du nourrissage :
- soit via le règlement général de police pour un motif lié au maintien de l’ordre public (tranquillité, salubrité ou sécurité publique);
- soit via un règlement communal pris sur base de l’article 29 du décret relatif aux espèces exotiques envahissantes. Dans ce dernier cas, l’objectif visé est de lutter contre la propagation de l’espèce et non plus le maintien de l’ordre public.
Conclusion
Le raton laveur, bien qu’attachant en apparence, représente une menace sérieuse pour la biodiversité wallonne et un risque sanitaire non négligeable. Sa gestion nécessite une coordination entre les autorités, les scientifiques et les citoyens, afin de limiter son expansion et protéger les écosystèmes locaux.
Sources
RTBF, « Ratons laveurs en Wallonie : une invasion incontrôlable et dangereuse », On n’est pas des pigeons. Disponible à : https://www.rtbf.be/article/ratons-laveurs-en-wallonie-une-invasion-incontrolable-et-dangereuse-11527624?fbclid=IwY2xjawKvsVVleHRuA2FlbQIxMQBicmlkETFkRTdGTDN2OFRac25oS2hBAR5C9C_Z6BUb7xuLr_X6ZWqIe0l_iNNVq7EVVzf7gIfd2Dv9gkKt3DH7inFKOA_aem_LkHTus0ZG7E7PkK_a3-9ng
Environnement-Santé Wallonie, « Attention si vous croisez un raton laveur ». Disponible à : https://environnement.sante.wallonie.be/news/attention-si-vous-croisez-un-raton-laveur-1
SPW. « Nourrir les ratons laveurs : une fausse bonne idée ! » Stop aux espèces exotiques envahissantes, 15 mai 2024.
https://stopenvahissantes.be/home/actualites/actualites/nourrir-les-ratons-laveurs-une-f.html.
Christel TERMOL (Union des Villes et Communes de Wallonie). « Le raton laveur dans nos communes : que peut-on faire et comment ? ». Consulté le 6 juin 2025. https://www.uvcw.be/environnement/actus/art-9051.
« Premiers cas de baylisascariose chez les ratons laveurs en Belgique », 29 juillet 2024. https://www.wallonie.be/fr/actualites/premiers-cas-de-baylisascariose-chez-les-ratons-laveurs-en-belgique.
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